Le reboisement, une solution pour la forêt et les territoires
Le 2 octobre 2022
La forêt française est vieillissante, ce qui pose de réels problèmes, notamment en matière de gestion des risques d’incendies et du changement climatique. Le reboisement est une solution pour y remédier, tout en permettant de créer des emplois durables dans les territoires.
Le reboisement consiste à replanter des arbres sur des terrains déboisés ou dégradés. Cette activité peut être menée par des professionnels de la forêt, mais aussi par des particuliers souhaitant s’engager dans la protection de l’environnement.
Le reboisement permet de reconstituer les stocks de bois, mais aussi de favoriser la biodiversité et de lutter contre le changement climatique. En effet, les arbres absorbent le CO2 présent dans l’atmosphère et le transforment en oxygène. De plus, ils contribuent à réguler le climat en limitant l’évaporation d’eau et en créant des zones ombragées.
Le reboisement présente également un intérêt économique. En effet, la filière forêt-bois représente un important potentiel de création d’emplois, notamment dans les territoires ruraux. De plus, elle contribue à la diversification des activités économiques locales et peut ainsi lutter contre le déclin des petites communes rurales. En France, plusieurs dispositifs existent pour favoriser le reboisement. Voici quelques éléments de contexte.
Historique du reboisement en France
Le reboisement est une technique ancienne qui a été mise en place dès le Moyen Âge. À cette époque, les seigneurs de guerre étaient souvent amenés à dévaster les forêts pour empêcher l’ennemi de se ravitailler en bois. Ainsi, ils ont dû apprendre à replanter des arbres afin de reconstituer les stocks abattus.
En France, le reboisement a connu un véritable essor à partir du 18ème siècle. À cette époque, les premiers ménages urbains sont apparus et ont commencé à se chauffer au bois. Cela a entraîné une forte demande en bois, qui n’a pu être satisfaite que par un important reboisement des terrains déboisés.
Jusqu’à la fin des années 1990, le Fonds Forestier National a joué un rôle important auprès des propriétaires forestiers et contribué à créer la ressource qui, aujourd’hui, alimente la filière. C’est en effet grâce à des aides financières que les propriétaires ont été incités à replanter et à entretenir leurs forêts.
Aujourd’hui, ces aides ont disparu et la gestion forestière est devenue une activité beaucoup plus rentable. Le bénéfice attendu d’un investissement dans la forêt française a donc considérablement augmenté. Cette évolution a abouti à une hausse des prix des terrains boisés et, par voie de conséquence, à une diminution des achats de bois par les industriels.
Parallèlement, les changements climatiques ont eu un impact important sur la gestion forestière. Les incendies de forêt se sont multipliés ces dernières années et les propriétaires sont de plus en plus exposés aux risques liés à la sécheresse. La hausse du prix du foncier boisé a donc été contrariée par ces nouveaux aléas climatiques.
Enfin, depuis quelques années, les professionnels de la filière forestière s’inquiètent du vieillissement de la forêt française. En effet, les plantations réalisées dans les années 1960 et 1970 arrivent à maturité et n’ont pas été renouvelées à l’échelle nécessaire. Aujourd’hui, moins de 10 % des forêts françaises sont en bon état et le taux de reboisement est très faible.
Face à ces différents enjeux, il est important d’agir pour favoriser le reboisement en France et en Europe. Les pouvoirs publics ont ainsi mis en place plusieurs dispositifs pour soutenir les propriétaires forestiers dans leurs efforts de replantation.
La forêt privée, des avantages et des inconvénients
La propriété privée représente aujourd’hui 75 % des forêts françaises, ce qui corréspond à plus de 3,3 millions de propriétaires. Dans des régions comme la Bretagne, les Pays de la Loire ou la Nouvelle-Aquitaine, plus de 90 % des surfaces forestières sont privées. Dans le Nord-est de la France, les forêts publiques sont au contraire majoritaires.
La gestion des forêts privées est souvent critiquée car elle est perçue comme une activité économique à court terme, au détriment de l’intérêt général. En effet, les propriétaires forestiers ont tendance à privilégier les productions qui rapportent le plus, comme le bois d’œuvre ou le bois de chauffage. Les essences locales et rares sont ainsi peu plantées et les plantations nouvelles se font essentiellement en monoculture.
De plus, les forêts privées sont souvent gérées par des professionnels de la forêt, au lieu d’être entretenues par les propriétaires eux-mêmes. Ces derniers n’hésitent pas à déléguer la gestion de leurs forêts à des tiers, pour se concentrer sur d’autres activités ou pour éviter les contraintes administratives et techniques.
Cependant, il ne faut pas oublier que la gestion forestière est une activité longue et coûteuse, qui nécessite des connaissances spécifiques. La gestion par des professionnels peut donc être une solution intéressante, à condition qu’elle soit encadrée et contrôlée.
Les forêts privées présentent également des avantages importants. En effet, les propriétaires forestiers sont souvent attachés à leurs forêts et à la nature en général. Ils ont donc un réel intérêt à entretenir leurs bois et à favoriser la biodiversité. Les forêts privées représentent d’ailleurs plus de 50 % des surfaces boisées classées en France.
En outre, les forêts privées sont souvent mieux entretenues que les forêts publiques car elles font l’objet d’une gestion plus intensive. Les propriétaires forestiers ont en effet intérêt à maintenir la qualité de leurs bois et à réduire les risques de déforestation.
Enfin, les forêts privées représentent une source importante de revenus pour les propriétaires. En moyenne, un propriétaire peut tirer un revenu annuel de 2 000 euros de sa forêt, ce qui représente une somme non négligeable pour les propriétaires aux revenus modestes.
Les possibilités de regroupement
Des outils de regroupement des propriétaires sont encouragés depuis plusieurs années afin de promouvoir l'entretien des forêts.
Les contrats de groupe sont conclus entre une commune et plusieurs propriétaires d’une même forêt. Ces contrats ont pour objet de définir les modalités de gestion de la forêt, en mettant l’accent sur la conservation des espaces naturels et la valorisation des produits locaux.
Les groupements fonciers forestiers (GFF) regroupent des propriétaires privés qui cherchent à mieux gérer leurs forêts. Les GFF permettent notamment de mutualiser les coûts de gestion, d’améliorer la qualité des bois produits et de favoriser la diversification des activités économiques. Par exemple, le GFF du Val d’Allier, créé en 2016, regroupe plus de 600 propriétaires privés et gère une superficie de 8 000 hectares de forêt.
Les groupements fonciers agro-forestiers (GFA) sont similaires aux GFF, mais ils regroupent des propriétaires privés qui cherchent à gérer à la fois des forêts et des terres agricoles. Les GFA permettent notamment de favoriser la transition écologique des fermes et de développer des activités agro-forestières innovantes. En France, le groupement foncier agricole et forestier de la Haute Vallée de Chevreuse regroupe plusieurs exploitations agricoles et une forêt privée, et a pour objet la mise en place d’une gestion intégrée des espaces naturels.
Les syndicats intercommunaux de développement forestier (SIDF) sont des organismes publics créés par des communes ayant un intérêt commun pour la forêt. Les SIDF ont notamment pour objet de favoriser le reboisement des espaces naturels, de mettre en place des plans de gestion durable des forêts et de sensibiliser les habitants aux enjeux de la forêt. En France, il existe plusieurs dizaines de SIDF.
Les groupements forestiers intercommunaux (GFI) regroupent plusieurs communes ayant des intérêts communs en matière de gestion forestière. Les GFI ont pour objet de mettre en place une gestion durable des forêts, en s’appuyant sur les compétences et les moyens techniques et financiers des communes membres. Par example, le GFI du Massif du Pilat, créé en 2017, regroupe 9 communes et gère une superficie de 2 500 hectares de forêt.
Il existe également des outils de regroupement plus informels, comme les associations de propriétaires forestiers. Ces associations ont pour objet de favoriser l’échange d’informations et de savoir-faire entre les propriétaires privés. Elles permettent notamment de mieux connaître les enjeux liés à la gestion durable des forêts et d’identifier les bonnes pratiques.
Par ailleurs, il existe des outils financiers permettant aux propriétaires privés de bénéficier d’aides pour la gestion durable de leurs forêts. Ces aides sont notamment destinées à la réalisation de plans d’aménagement forestiers, à la mise en place de processus de certification ou encore à l’acquisition de matériel de gestion durable. Enfin, il existe des contrats de gestion forestière départementaux (CGD), conclus entre un département et un ou plusieurs propriétaires privés. Ces contrats ont pour objet de mettre en place une gestion durable des forêts, en s’appuyant sur les compétences et les moyens techniques et financiers des propriétaires privés.
Les forêts, un enjeu majeur pour la transition écologique
Aujourd'hui, les forêts sont peu valorisées économiquement. En effet, elles ne rapportent peu de revenus et ne sont pas considérées comme des actifs économiques importants. Pourtant, elles représentent un potentiel économique considérable, notamment en termes de biodiversité.
Les forêts représentent également un enjeu important pour la transition écologique, étant souvent situées dans des zones fragiles ou exposées aux risques climatiques. Il ne faut pas oublier que le bois est un matériau renouvelable, à la fois durable et écologique. Ainsi, le reboisement constitue une solution efficace pour mieux valoriser les forêts et le bois, notamment pour favoriser la transition écologique, une meilleure intégration des acteurs de la filière et une meilleure valorisation des bois et des services socio-environnementaux associés à la forêt.
CPM
* * * * *
Ce rapport est également disponible ici.