Accompagnement et solidarité : l’économie de demain

le 10 décembre 2021

L’économie sociale et solidaire, de quoi s’agit-il ?

L’économie sociale et solidaire (« ESS ») est la somme des activités qui s’organisent sous forme de structures indépendantes (associations, fondations, coopératives et autres) et qui font l’objet d’une gestion démocratique et participative.  Ces activités se distinguent par les objectifs sociaux et sociétaux (développement durable, emploi, commerce équitable, lutte contre la pauvreté et l’exclusion…) et par le fait que les relations de solidarité entre les membres priment sur l’intérêt individuel ou le gain matériel.  L’ESS a pour but de concilier les objectifs de croissance et de développement d’une part, et les principes d’équité et de justice sociale d’autre part.

Le chemin vers une économie sociale et solidaire

Dès la Grèce antique, nous voyons le concept d’oikos (« maison ») : il faut garder le ménage en bonne santé.  Aussi bien qu’au siècle des Lumières, où le monarque devient le premier serviteur de l’Etat.  Plusieurs périodes historiques ont façonné le chemin vers une économie solidaire, et notamment la période après la Seconde guerre mondiale.  Les entreprises toujours plus puissantes, l’économiste Milton Friedman constate dans le New York Times en 1970 : la seule responsabilité de l’entreprise est de maximiser les profits de ses actionnaires.

Dès 2008, nous voyons des économistes comme Joseph Stiglitz se prononcer sur l’économie sociale en cours de route.  L’ESS a pris un certain élan pendant la période après la crise financière, confirmée par l’arrivée du social business et ses statuts juridiques (B-Corp, la loi PACTE, sociétés à mission).  Depuis la crise sanitaire, les échecs du néolibéralisme et ses dommages collatéraux sont impossibles à ignorer : la pauvreté, le déséquilibre croissant entre la base salariale et le patronat et la déréglementation. Ces crises à répétition ont eu le mérite de convaincre certaines instances, notamment au niveau de l’Union européen, qu’un nouveau modèle s’imposait.

Les structures de l’économie sociale et solidaire

Aujourd’hui, nous pouvons constater plusieurs types de structures en vigueur au sein de l’économie sociale :

  • Les coopératives. Il s’agit des coopératives d’activité (agricoles, artisans, commerçants, etc.), coopératives d’usagers (banques, consommateurs, etc.) ou coopératives de salariés (les Scop organisés sous forme de SA, SAS ou SàRL).  Elles peuvent verser leurs bénéfices à leurs membres associés et rémunérer le capital de leurs associés dans des conditions définies par les lois spécifiques à chaque famille de coopérative.

  • Les associations.  Organisées sous la loi 1901, elles peuvent employer des salariés mais sont à but non lucratif.

  • Les fondations.  Il s’agit de l’affectation irrévocable de biens, droits ou ressources à la réalisation d’une œuvre d’intérêt général et à but non lucratif.  Ses priorités sont les objectifs qu’elle s’est fixés.

  • Les mutuelles. Elles sont fondées sur une solidarité professionnelle ou territoriale.  Elles ont comme objectif une couverture des risques (santé, assurance) partagée équitablement, sans but lucratif, avec une participation par les sociétaires.  

La gouvernance durable et l’auto-gestion

La gouvernance d’entreprise « durable » évolue en parallèle à l’économie solidaire. Par exemple, la France a adopté la Loi PACTE en 2019, permettant aux entreprises d’intégrer une mission de durabilité dans leurs stratégies sociales.  La Commission européenne a également lancé une consultation en 2020 afin de sonder la société civile sur la rémunération et l’indépendance des administrateurs, le dialogue actionnarial, la pression des actionnaires activistes, le court-termisme dans les distributions faites aux actionnaires et l’obligation de diligence raisonnable, similaire à celle qui a été déjà adoptée par la France sous la Loi de vigilance de 2017. Par ailleurs, un mouvement vers « l’auto-gestion » est en route. Il s’agit de privilégier les intérêts des salariés à ceux des actionnaires, tout en adoptant des structures de gouvernance participatives (les assemblées générales et les conseils sociaux, la prise de décision par processus consultatif et les processus démocratiques au sein des équipes).

Quelques exemples de réussite

Une gamme de solutions existent au sein de l’économie sociale, qui varient entre les plus classiques aux plus innovateurs :

  • Dans le domaine agro-alimentaire.  Inspirée du Park Slope Food Coop à Brooklyn, le supermarché coopératif La Louve propose une alimentation bio accessible à tous avec un panier moyen de 15 à 40 % moins cher pour des produits équivalents. Et ce grâce au modèle, qui comprend moins d’intermédiaires et une participation active des membres, sans marketing. Tous les bénéfices sont réinvestis dans le fonctionnement du supermarché. Tous les deux mois, les membres décident des actions à mener dans le cadre d’assemblées générales.

     

  • Dans le domaine de la finance. Les solutions de financement pour les projets ESS sont multiples. S’agissant des grandes entreprises, elles comprennent l’émission d’obligations convertibles ou « vertes » ainsi que des solutions de crowdfunding. Quant aux projets solidaires, il existe de nombreuses solutions financières, y compris des prêts participatifs, des participations ou des garanties financières.

     

  • Dans les médias.  Aujourd’hui, il existe plusieurs exemples de médias appartenant à des coopératives, notamment l’Associated Press. Par ailleurs, le Bristol Cable, lancée en 2014 est une coopérative d’information appartenant à ses membres avec un tirage quotidien de 30.000 exemplaires. Il est doté d’une indépendance qui lui permet de couvrir les sujets choisis par ses membres. Membre du Global Investigative Journalism Network, il s’est rapidement forgé une réputation grâce à ses reportages, et sa direction éditoriale assurée par ses membres.

     

  • Dans l’énergie.  Les coopératives en énergie sont en général crées pour mutualiser les couts et l’infrastructure de l’approvisionnement de l’électricité.  Ces projets sont particulièrement adaptés à des zones ne bénéficiant pas d’un réseau électrique avancé.  Il existe néanmoins des coopératives en France comme Enercoop, né en 2005 pour proposer une alternative citoyenne au moment de l’ouverture des marchés de l’électricité.  L’électricité est garantie 100 % renouvelable et 0 % d’origine nucléaire.

Convaincre et innover

S’il existe aujourd’hui des exemples de réussite, il reste du chemin.  Comment renforcer l’économie sociale et solidaire ?  Tout d’abord, il faut faire comprendre que tous les acteurs économiques sont concernés.  Si l’économie sociale vise principalement les structures indépendantes, rien n’empêche les grandes entreprises d’adopter leurs propres projets solidaires ou de s’inspirer du modèle d’auto-gestion.  A ce titre, comment encourager les entreprises « classiques » à participer à l’économie solidaire ?  Comment transitionner vers des modèles économiques plus inclusifs et participatifs ?

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